Le philtre de la passion
Le bateau n’avance plus. Les voiles pendent, immobiles. Le soleil écrase tout ce
qui bouge, assèche toutes les bouches. Tristan et Iseult sont seuls sur la nef. Ils
ont soif. Ils semblent harassés, fourbus, comme si une main malfaisante et
omnisciente les enserrait, prête à les étouffer, à les broyer. Ils sont tous deux jeunes
et beaux, purs et loyaux, et pourtant... Ils se sentent coupables, honteux, comme si
la passion leur ravissait déjà le coeur. (81 mots)
Tristan et Iseult se dessèchent, ils languissent. Leurs lèvres brûlent. Une enfant
passe par là. Elle a trouvé un vase contenant du vin. Vite, ils boivent le vin à la
même coupe. Mais ce n’est pas du vin, ce liquide vermeil qui court dans leur bouche,
c’est un poison puissant qui inflige la passion, un philtre qui provoque l’angoisse
et précipite les pauvres amants vers la mort. Ils sont perdus. Ils se sentent égarés,
éblouis. Les voici livrés, corps et âme, au plus violent bouleversement qui soit :
l’amour. (88 mots)
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